Lorsque je rentrais de l'école , nous passions toujours devant le Banco ( une rivière en Côte d'Ivoire, près d'Abidjan ), et le spectacle de ces hommes, lavant le linge dans les rires et la bonne humeur m'a toujours fasciné !
Les couleurs multiples et vibrantes du linge qui sèche sur l'herbe... Les gerbes d'eau provoquées par les gestes vigoureux des fanicos... Leurs éclats de rire et leurs chants...
Ces souvenirs d'Afrique qui restent ...
A l'époque, cela faisait partie, pour moi, du quotidien...
Mais maintenant que je suis devenue adulte, cela me reste ancré dans la mémoire...
Un souvenir indélébile ...
Et je prends conscience maintenant, de tous ces métiers qui existent encore là-bas, et qu'on ne trouve plus ici !
Je vais donc vous présenter les Fanicos du Banco - un de mes souvenirs d'Afrique:
"Fanico" : cela veut dire ‘’laveur de vêtements’’, en langue malinké.
Ceux sont les lavandiers d'Abidjan. Car c'est le linge des autres qu'ils lavent.
Au nord d’Abidjan, dans le parc du Banco, la rivière portant le même nom est le théâtre d’une activité peu banale.
Chaque matin, les fanicos prennent d'assaut le bassin du Banco, massif forestier en plein coeur d'Abidjan, pour laver le linge collecté au préalable dans les ménages des quartiers populaires.
Savon, eau et huile de coude, ils sont plusieurs centaines d’hommes à laver du linge au milieu du cours d’eau.
Travail éprouvant réalisé presque exclusivement par des hommes en raison de la pénibilité du métier.
Au fil du temps, la technique s’est rodée : Les fanicos, dans l’eau boueuse jusqu’aux genoux, frottent et frappent le linge sur une grosse pierre ou un bloc de béton posé sur un pneu de camion.
Un pneu suffisamment lourd placé au fond du cours d’eau.
Ils travaillent côte à côte, peu importe que le linge d’à côté soit très sale, ou en cours de rinçage.
Le savon artisanal utilisé communément appelé kabakourou ( « cailloux » en langue Malinké ) , est un mélange de soude caustique et d’huile de palme porté à ébullition et transformé manuellement en boule à la fin du processus.
C’est sa dureté et sa résistance à l’usure qui lui a valu ce sobriquet.
Les vêtements étendus à même l'herbe à la mi-journée présentent un concert de couleurs vives et étincelantes avec l’action du soleil de plomb.
Et du point de vue écologique ?...
Figurez-vous que la même eau est utilisée pour laver et rincer les vêtements. Étrange non ? Cette eau doit avoir des vertus qu’on ignore. Jamais elle ne se salit pour eux !
En saison des pluies, la lagune Ebriée, qui rejoint le banco, reprend ses droits dans cette zone.
Les fanicos profitent alors du renouvellement de la qualité de leur eau de lessive.
On doit donc attendre la pluie pour que cette eau, dans laquelle la lessive est faite tous les jours, soit un peu renouvelée...
Lorsqu’on sait également que la lagune Ebrié est fortement polluée par les rejets d’ordures, les eaux usées et autres vidanges des domiciles, on se demande bien, entre l’eau apportée par la lagune, et celle du lac des fanicos, laquelle pollue l’autre !?...
La lagune n’a qu’à se débrouiller pour s’auto-purifier, sinon qu’elle en discute avec la mer qui peut éventuellement la soulager !?...
Malgré tout
Vu le faible coût des prestations, cette activité est plébiscitée, et possède sa clientèle, surtout des hommes vivant seuls.
Ils font de sérieuses économies, car faire tourner le lave-linge coûte cher ( l'électricité étant un luxe encore par là-bas ).
J'espère que cet article vous a plu ?
N'hésitez pas à m'écrire si vous avez envie d'en discuter !?
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